L’art de la joaillerie consiste à fabriquer des objets de parure qui mettent en valeur principalement les pierres précieuses, les pierres fines, les pierres ornementales et les perles. Le joaillier emploie des pierres qui ont été façonnées par un lapidaire. Ce dernier est un homme de métier qui taille toutes les pierres, à l’exception du diamant. Les principales tailles pour les pierres précieuses et les pierres fines sont la taille cabochon et la taille facettée.

Il existe bien sûr d’autres manières de tailler les pierres. Ainsi, en plus de tailler des plaques, des sphères, des cylindres, des colonnes, des obélisques, etc…, le lapidaire peut devenir un véritable sculpteur. En effet, le camée est non seulement une pierre ou une nacre sculptée représentant des personnages, des fleurs, des animaux, mais c’est aussi une gravure en relief, c’est-à-dire une technique de taille qui permet de fabriquer des objets de très grande classe tels que des vases en pierres précieuses ornés à l’extérieur de bas-reliefs, ou des coupes, en agate par exemple, dont l’intérieur illustre des allégories classiques sculptées, ou encore de grands coquillages décorés de scènes inspirées de la grande peinture. Ces camées sont rares et leur fabrication exige parfois du lapidaire des années de travail.

Pour la haute joaillerie, les lapidaires se surpassent et sculptent des objets de petites ou grandes dimensions, souvent figuratifs, sur lesquels les joailliers ajouteront de nombreuses pierres précieuses et fines. Dans un atelier parisien, j’ai vu un petit aquarium en quartz translucide taillé d’une seule pièce, d’environ six centimètres de large, avec une creusure à l’arrière façonnée en forme de poisson dans laquelle s’ajustait parfaitement un saphir de quatre centimètres de long environ. L’ensemble était monté sur or et serti de diamants. L’effet était étonnant : un poisson bleu de dureté 9 immobile dans un bocal d’eau solide de dureté 7.

La nature est le premier lapidaire

Les gemmes sont la plus belle expression du règne minéral. Les cristaux bruts présentent parfois des surfaces planes absolument parfaites, preuves de la grande force de la nature. Lorsque ces minéraux se déplacent dans la nature, par gravitation, érosion ou roulement, elles s’arrondissent et ressemblent alors à des cabochons non polis, semblables à des cailloux que l’on retrouve sur le bord des plages.

Les pierres cabochons

Cabochon : n. m. (de caboche).
Caboche : n. f. (forme picarde du radical cap qui vient du latin caput : tête).
Tête : n. f. (pop. : clou à tête large et ronde ou taillé en pointe de diamant; aussi caboche, nom commun du chou cabus).
Larousse du xxe siècle, 6 volumes.

De l’Antiquité jusqu’au quinzième siècle, les pierres de taille cabochon étaient les plus courantes. Le cabochon, plus ancien de facture, est pour moi une taille très sensuelle. En apparence simpliste, cette taille présente la matière sans artifice, semblable à une goutte de rosée sur l’herbe. La lumière se reflète sur le dessus mais aussi dans le fond en ligne droite et opposée à la source de lumière. Les pierres cabochons peuvent être rondes, ovales ou baroques et possèdent un dessous légèrement arrondi ou plat. La douceur de leur forme et leur côté massif en font des pierres très solides. À dimensions égales, un cabochon est plus lourd qu’une pierre facettée.

Le cabochon, dans son plus simple appareil, montre sa couleur sans pudeur, sans façon, et toutes ses nuances que l’œil attentif et patient comprendra facilement pourvu qu’il prenne le temps de se laisser charmer par ces gouttes de couleur. Le serti clos, parfait compagnon des cabochons en joaillerie, allie le métal précieux et la pierre qui s’enlacent à plein corps pour ne faire qu’un… pour toujours. Sensuelle… j’avais dit.

Les pierres facettées

Facette : n. f. (de face) petite face : les facettes d’un diamant.
Larousse du xxe siècle, 6 volumes.

Depuis la Renaissance, époque au cours de laquelle l’usage des pierres facettées s’est répandu, les techniques de taille à facettes ont fortement progressé. L’outillage, la machinerie de grande précision, les abrasifs de grande finesse et l’expérience accumulée offrent au lapidaire d’aujourd’hui la possibilité de parfaire son art.

Les pierres facettées nous charment d’abord par leurs nombreux clins d’œil. En effet, par l’action du jeu complexe de l’agencement et de la forme des facettes, la lumière voyage plus longtemps à travers la pierre avant de ressortir subitement par l’une de ses fenêtres. La pierre clignote et même cligne de tous ses yeux. Une disposition parfaite et un polissage impeccable de chacune des facettes permettent à la pierre de briller avec régularité. Cette chorégraphie de lumière provoque même un certain effet hypnotique et fascinant. Plusieurs phénomènes optiques peuvent être observés dans les pierres facettées : par exemple, le doublage, la biréfringence, la dispersion (on traitera cette question dans un autre sujet de la Rubrique).

Les pierres cabochons sont simples et charmantes.
Les pierres facettées, plus compliquées et fascinantes.

Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier