Persévérer ( Septembre 2008 )

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Quand un mot me trotte dans la tête, j’ai toujours, pour y voir plus clair ou pour me rassurer sur son emploi, la réaction d’aller voir dans mes amis dictionnaires, sa signification et son origine.

Dans le dictionnaire latin-français de Georges Édon, librairie Belin Paris, à ‘’ persévérer ‘’ j’y trouve le sens suivant : Demeurer toujours dans la même manière d’être, de voir.

Avec internet, j’ai aussi rapidement trouvé cette citation de Samuel Johnson :

Ce n’est pas la force, mais la persévérance, qui fait les grandes œuvres.

Ce  » toujours  » et cette  » persévérance  » est la chose qui m’impressionne le plus en apprenant la mort de grands humains, qu’ils soient artistes ou scientifiques, intellectuelles ou artisans connus, reconnus ou inconnus. Ils avaient comme vous, comme toi, comme moi, à supporter la vie, ce drôle de cadeau, ce drôle de piège qui nous tombe dessus le jour de notre naissance. En ajoutant nécessairement les mots, courage et effort, à toujours et à persévérance, ils nous ont montrés un chemin de création, un chemin nourrissant pour eux-mêmes, un chemin fier et utile, généreux et amoureux pour nous les héritiers de leurs œuvres.

J’aime leurs dire merci, je leurs dis que j’aime leurs créations, qu’elles me font du bien, qu’elles me donnent du courage et me soutiennent tous les jours, parfois, ils m’entendent, j’en suis sûr, ils sont devant moi, et parfois je pense que ces mercis leurs parviennent malgré la distance et le temps, là bas ou là haut.

Le plus beau de tout cela, est qu’il me donne belle motivation et grand courage à continuer mon chemin. Comment ne pas se sentir admiratif devant tant de générosité et de bravoure.

Quelque soit le chemin que l’on désire prendre, pour être fidèle à son enfance, à ses ambitions, à ses rêves, il est bon d’être tenace, de tenir bon, en gardant en tête ces deux mots, toujours et persévérance. Les garder souvent seul, sans toujours pouvoir partager ses motivations, du moins pas autant que l’on ne voudrait, pas autant qu’il le faudrait. Il est si rare de trouver un peu de temps pour se faire comprendre, pour bien s’expliquer.

Mettre au monde une parcelle de création me semble la seule bonne raison de vivre, sachant que cela sera aussi bon et beau à donner qu’à recevoir. Je parle ici de création au sens très large du terme, la création d’un sourire, la création d’un mot ou d’un geste, la création d’un objet aussi modeste pourra-t-il être ou paraître, la création d’un service ou même d’un partage. Le sourire de la Joconde étant égal en beauté au sourire d’une personne heureuse et fier d’avoir terminé un beau travail.

La trace laissée par ces disparus est un héritage que nous recevons en cadeau à chaque fois. Et point n’est besoin de connaître l’auteur d’une œuvre pour que nous puissions communier avec lui, d’aussi loin que nous vienne l’œuvre.

Je crois que le nom de l’auteur d’une œuvre est une anecdote, un renseignement intéressant, voir agréable et utile surtout à l’histoire petite ou grande, mais pas vraiment indispensable pour que je puisse ressentir la force de ses sentiments, le sens de son message de paix et d’amour, son désir de nous faire du bien et de nous aider à vivre, son besoin de vaincre la mort en nous laissant ses créations comme un relais pour continuer la course de la vie.

Poursuivre droit son chemin, malgré les courbes et les détours imposées par la vie, poursuivre fidèlement le désir présent dans son cœur depuis les débuts de son enfance est à long terme la meilleure manière de construire de la beauté solide, de construire une œuvre dense et intéressante par sa qualité et non par sa quantité, la vie étant de toutes façons trop courte.

J’ai toujours pensé qu’une vie était semblable à une goutte d’eau qui avec ses semblables donne la pluie nourricière pour la terre. Chacune d’elles étant aussi importante que sa voisine, aussi utile et pleine de sens et de résultat. Il ne nous viendrait pas à l’idée de la mesurer, de la peser encore moins de critiquer sa forme ou même son origine.

Arrive dans ma tête, tout naturellement le mot  »respect  », précédant et accompagnant obligatoirement l’amour, pour la matière, pour les trois règnes, pour toi, moi et nous, les humains.

Belle création et belle journée à toi, belle Joconde.

Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier
Québec le 10 septembre 2008