Difficile ( (Septembre 2007 )

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11 septembre 2007,

Difficile de se sentir un tant soit peu heureux le jour d’une date comme le 11 septembre.

Et pourtant, j’ai vu aujourd’hui des tissus vieux de plus de cent ans, fait avec amour et respect du temps qu’il faut pour récolter les matières premières, les transformer, les rendre disponibles au tisserand, métier de mon arrière-grand-père, disponibles à la couturière qui, entièrement à la main, avec ce tissus, a cousue et montée à la perfection un  »Haori » veste portée par dessus le Kimono.

Se sentir proche d’un travail fait avec passion, tenir dans ses mains des objets qui survivent à leurs créateurs, témoins d’époques que je n’ai pas connues, et de surcroît d’une culture que je connais malheureusement si peu, me retourne toujours l’intérieur.

Les mots me deviennent des outils inefficaces, et je continue pourtant à écrire dans l’espoir de partager un peu mon état d’âme. Je sais que j’en serai meilleur témoin par la poursuite de ma propre création.

Je me doute bien que les hommes et femmes de ces époques n’étaient ni meilleurs ni pires qu’aujourd’hui, si ce n’est, pour eux, plus de tranquillité et plus de temps consacré à l’ouvrage, le bel ouvrage, celui fait avec le temps nécessaire pour dire sans paroles:  »Je te respecte ami et amie, je travaille pour toi, je te donne mon temps, tu verras mon travail te fera du bien, c’est mon plus grand désir, il te sera utile et je sais que tu feras la même chose pour moi dans ton métier, ainsi nous vivrons en Paix. »

L’artisan d’aujourd’hui est le même, mais j’ai bien peur que la vitesse de rotation de notre libre système dédié plus à l’argent qu’à l’humanité ne l’empêche de plus en plus de parler en geste de même facture.

À mes fils Vincent et Pierre, et maintenant à Sanae Watanabe, j’ai le grand honneur de leurs montrer les sentiers et chemins de la fabrication traditionnelle, à la main, avec de simples outils, avec des métaux précieux laminés, avec des pierres parfaitement taillées et choisies unes à unes, j’ai aussi le grand plaisir d’être écouté et de voir progresser leurs oeuvres.

Le temps passe vite, c’est bien connu, et la mort à sa suite viendra, et sans angoisse ni amertume, et heureux…oui heureux, j’irai le plus tard possible, rejoindre et en paix par dessus le marché, tous ces inconnus dont j’admire le travail que j’ai eu le privilège de tenir dans mes mains aujourd’hui encore…. et demain le 12 septembre mon bonheur sera le même.

Avec mon expérience, je peux maintenant… et pour longtemps mettre toutes mes énergies dans ce sens. Par mon travail de création, mes écritures, mon enseignement et tout ce que je ne peux écrire ici, persister dans cet amour et ce respect.

Merci Joseph
Merci Raymonde
Merci Vincent
Merci Pierre
Merci Sanae

Que votre journée soit de paix et de beauté.

Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier
Québec 11-12 septembre 2007