Avantages du travail fait à la main et carences du moulage ( 2006 )

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Le travail fait entièrement à la main, à partir de plaques (plané) de différentes épaisseurs et de fils de différentes formes et dimensions est la seule méthode donnant toute liberté de création. Le métal laminé est, et de beaucoup, plus solide que le métal moulé, il est aussi plus dense, plus brillant et plus durable.

Les étapes de travail étant exécutés entièrement à la main, les unes après les autres, dans le bon ordre, permettent une parfaite réalisation du projet, sans surprise et sans concession.

Les problèmes du moulage sont mal connus, je tiens ici, à en faire comprendre tous les aspects négatifs et les conséquences qui en découlent.

La pratique du moulage, ne permet pas de progresser dans le métier de bijoutier-joaillier.

Cette pratique n’enrichit pas par de nouvelles connaissances et expériences, contourne et éloigne d’un objectif de qualité, pour s’en remettre toujours à la facilité, soit par le moulage d’un prototype, soit directement par la sculpture de la cire.

Par le phénomène de la rétreinte, les tirages obtenus ne sont pas exactement identiques au prototype, il en résulte souvent des problèmes d’ajustement en particulier pour le sertissage des pierres.

La cire, en plus de donner un métal moins dense et moins net que le travail fait main, donne très souvent des pièces trop épaisses et trop lourdes, avec des variations d ‘épaisseurs qui rendent le bijou moins résistant à l’usure, à la déformation et rends aussi plus difficile les réparations éventuelles

Le métal moulé, moins résistant, craque facilement lorsqu’il doit être déformé pour la mise à grandeur d’une bague par exemple, ou lors de tout autre ajustement ou modification de sa forme.

Il faut penser aussi aux « piqûres » dans le moulage, qui créent des points noires après polissage et pires encore aux « piqûres » cachées à l’intérieur du métal, qui augmentent la fragilité du bijou, avec toutes les surprises possibles au sertissage.

Le fait de mouler tout ou partie d’un bijou, souvent ne permets pas, par impossibilité d’accès à la surface avec des outils ( limes, papier d’émeri, pâtes à polir.), et par l’obsession de fabriquer le plus vite possible, d’obtenir une belle surface régulière, avec grande fluidité de la lumière au moment du polissage. Un bijou moulé est moins net qu’une pièce bien faite à la main.

La pratique du moulage mène souvent à la modification du prototype d’origine, pour économiser encore du temps et avoir l’illusion de créer un nouveau modèle. De la sorte, le style ne cesse de s’appauvrir par manque de nouveauté réelle.

Les coûts du moulage, avec toute la machinerie nécessaire, ( les caoutchoucs à vulcaniser pour faire les moules, le vulcanisateur, les différents types de cires, l’injecteur de cire avec ou sans compresseur, les cylindres, le plâtre spécial, le four de décirage, le four de cuisson, les appareils pour fondre, avec pompe à vide ou avec force centrifuge, et tous les autres petits outils nécessaires.) sont bien sûr indirectement à la charge du client.

De plus le moulage ne baisse pas le prix des métaux précieux , ni le prix des pierres utilisées en joaillerie, sans compter les frais de présentation en boutique ( location, vitrines, éclairage, emballage, salaire et autres frais fixes.)

Une autre conséquence du moulage, est une lente mais sûre dégradation de la bijouterie et de la joaillerie en occident. De très nombreuses méthodes de travail, de moins en moins pratiqués par les ouvriers et artisans de ce métier, sont ignorées et se perdent.

La création est perdante, car le moulage par ses techniques imposées limite le créateur. Le dessin, imagination mis en couleur sur papier, trouve alors de moins en moins de personnes compétentes pour réaliser ces projets.

Vraiment je ne vois pas l’avantage du moulage, je crois que nous sommes tous perdant à ne pas faire l’effort d’un travail de qualité réalisé entièrement à la main.

Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier